The night of loveless nights – Robert Desnos

Tu cherchais dans la plage aux pieds des rochers droits
La crique où vont s’échouer les étoiles marines :
C’était le soir, des feux à travers le ciel froid
Naviguaient et, rêvant au milieu des salines,

Tu voyais circuler des frégates sans nom
Dans l’éclaboussement des chutes impossibles.
Où sont ces soirs ? Ô flots rechargez vos canons
Car le ciel en rumeur est encombré de cibles.

Quel destin t’enchaîna pour servir les sévères,
Celles dont les cheveux charment les colibris,
Celles dont les seins durs sont un fatal abri
Et celles dont la nuque est un nid de mystère,

Celles rencontrées nues dans les nuits de naufrage,
Celles des incendies et celles des déserts,
Celles qui sont flétries par l’amour avant l’âge,
Celles qui pour mentir gardent les yeux sincères,

Celles au cœur profond, celles aux belles jambes,
Celles dont le sourire est subtil et méchant,
Celles dont la tendresse est un diamant qui flambe
Et celles dont les reins balancent en marchant,

Celles dont la culotte étroite étreint les cuisses,
Celles qui, sous la jupe, ont un pantalon blanc
Laissant un peu de chair libre par artifice
Entre la jarretière et le flots des volants,

Celles que tu suivis dans l’espoir ou le doute,
Celles que tu suivis ne se retournaient pas
Et les bouquets fanés qu’elles jetaient en route
T’entraînèrent longtemps au hasard de leurs pas

Mais tu les poursuivras à la mort sans répit,
Les yeux las de percer des ténèbres moroses,
De voir lever le jour sur le ciel de leur lit
Et d’abriter leur ombre en tes prunelles closes.

Une rose à la bouche et les yeux caressants
Elles s’acharneront avec des mains cruelles
À torturer ton cœur, à répandre ton sang
Comme pour les punir d’avoir battu pour elles.

Merci Blaise pour la version audio suivante :