Desnos et Ferre ensemble

La complainte de Fantomas, comme un point commun entre les deux grands, un document rare et une belle archive

Allongeant son ombre immense
Sur le monde et sur Paris,
Quel est ce spectre aux yeux gris
Qui surgit dans le silence ?
Fantômas, serait-ce toi
Qui te dresses sur les toits ?

Voici un enregistrement de novembre 1960, par la Radiodifussion Télévision Française, avec par ordre alphabétique :

Paul BARRE – Lucien BAROUX
Pierre BLANCHARD – Roger BLIN
Marcel BOZZUFFI – Georges CARMIER
Bernard CLEMENT – Jean-Paul COQUELIN
Henri CREMIEUX – Yvonne DECADE
Henri DJANIK – Ginette FRANCK
Yves GLADINE – Noëlle HUSSENOT
Claire JORDAN – Bernard LA JARRIGE
François MAISTRE – Jean MARCHAT
Robert MAUFRAS – Sylvia MONFORT
Geneviève MOREL – Bernard MUSSON
Henri NASSIET – Jean OZENNE
Josette PERCEAU – Henri POIRIER
Jacques PROVINS – Jacques TORRENS
Henri VIRLOGEUX

ECOUTEZ La Complainte de Fantômas – diffusee par la RTF

Paroles : Robert DESNOS
Musique : Kurt WEIL
Léo FERRE accompagné à l’orgue de Barbarie
par Jean ARNAULT
Réalisation : Albert RIERA

une curiosite ….
d’apres une version originale de 1933 La Complainte de Fantômas
Robert DESNOS
Antonin ARTAUD : Fantômas
Patronné par : Le Petit Journal
Opérateur : Alejo CARPENTIER
Musique : Kurt WEIL
Réalisation : Paul de HARME

De cette version originale, il ne reste malheureusement aucune trace…

1
Écoutez… Faites silence…
La triste énumération
De tous les forfaits sans nom,
Des tortures, des violences
Toujours impunis, hélas!
Du criminel Fantômas.

2
Lady Beltham, sa maîtresse,
Le vit tuer son mari
Car il les avait surpris
Au milieu de leurs caresses.
Il coula le paquebot
Lancaster au fond des flots.

3
Cent personnes il assassine.
Mais Juve aidé de Fandor
Va lui faire subir son sort
Enfin sur la guillotine…
Mais un acteur, très bien grimé,
À sa place est exécuté.

4
Un phare dans la tempête
Croule, et les pauvres bateaux
Font naufrage au fond de l’eau.
Mais surgissent quatre têtes:
Lady Beltham aux yeux d’or,
Fantômas, Juve et Fandor.

5
Le monstre avait une fille
Aussi Jolie qu’une fleur.
La douce Hélène au grand coeur
Ne tenait pas de sa famille,
Car elle sauva Fandor
Qu’était condamné à mort.

6
En consigne d’une gare
Un colis ensanglanté !
Un escroc est arrêté !
Qu’est devenu le cadavre ?
Le cadavre est bien vivant,
C’est Fantômas, mes enfants !

7
Prisonnier dans une cloche
Sonnant un enterrement
Ainsi mourut son lieutenant.
Le sang de sa pauv’ caboche
Avec saphirs et diamants
Pleuvait sur les assistants.

8
Un beau jour des fontaines
Soudain chantèr’nt à Paris.
Le monde était surpris,
Ignorant que ces sirènes
De la Concorde enfermaient
Un roi captif qui pleurait.

9
Certain secret d’importance
Allait être dit au tzar.
Fantômas, lui, le reçut car
Ayant pris sa ressemblance
Il remplaçait l’empereur
Quand Juv’ l’arrêta sans peur.

10
Il fit tuer par la Toulouche,
Vieillarde aux yeux dégoûtants,
Un Anglais à grands coups de dents
Et le sang remplit sa bouche.
Puis il cacha un trésor
Dans les entrailles du mort.

11
Cette grande catastrophe
De l’autobus qui rentra
Dans la banque qu’on pilla
Dont on éventra les coffres…
Vous vous souvenez de ça?…
Ce fut lui qui l’agença.

12
La peste en épidémie
Ravage un grand paquebot
Tout seul au milieu des flots.
Quel spectacle de folie !
Agonies et morts hélas !
Qui a fait ca ? Fantômas.

13
Il tua un cocher de fiacre
Au siège il le ficela
Et roulant cahin-caha,
Malgré les clients qui sacrent,
Il ne s’arrêtait jamais
L’fiacre qu’un mort conduisait.

14
Méfiez-vous des roses noires,
Il en sort une langueur
Épuisante et l’on en meurt.
C’est une bien sombre histoire
Encore un triste forfait
De Fantômas en effet !

15
Il assassina la mère
De l’héroïque Fandor.
Quelle injustice du sort,
Douleur poignante et amère…
Il n’avait donc pas de coeur,
Cet infâme malfaiteur !

16
Du Dôme des Invalides
On volait l’or chaque nuit.
Qui c’était? mais c’était lui,
L’auteur de ce plan cupide.
User aussi mal son temps
Quand on est intelligent !

17
À la Reine de Hollande
Même, il osa s’attaquer.
Juve le fit prisonnier
Ainsi que toute sa bande.
Mais il échappa pourtant
À un juste châtiment.

18
Pour effacer sa trace
Il se fit tailler des gants
Dans la peau d’un trophée sanglant,
Dans d’la peau de mains d’cadavre
Et c’était ce mort qu’accusaient
Les empreintes qu’on trouvait.

19
À Valmondois un fantôme
Sur la rivière marchait.
En vain Juve le cherchait.
Effrayant vieillards et mômes,
C’était Fantômas qui fuyait
Après l’coup qu’il avait fait.

20
La police d’Angleterre
Par lui fut mystifiée.
Mais, à la fin, arrêté,
Fut pendu et mis en terre.
Devinez qui arriva :
Le bandit en réchappa.

21
Dans la nuit sinistre et sombre,
À travers la Tour Eiffel,
Juv’ poursuit le criminel.
En vain guette-t-il son ombre.
Faisant un suprême effort
Fantômas échappe encor.

22
D’vant le casino d’ Monte-Carlo
Un cuirassé évoluait.
Son commandant qui perdait
Voulait bombarder la rade.
Fantômas, c’est évident,
Était donc ce commandant.

23
Dans la mer un bateau sombre
Avec Fantômas à bord,
Hélène, Juve et Fandor
Et des passagers sans nombre.
On ne sait s’ils sont tous morts,
Nul n’a retrouvé leurs corps.

24
Ceux de sa bande, Beaumôme,
Bec de Gaz et le Bedeau,
Le rempart du Montparno,
Ont fait trembler Paris, Rome
Et Londres par leurs exploits.
Se sont-ils soumis aux lois ?

25
Pour ceux du peuple et du monde,
J’ai écrit cette chanson
Sur Fantômas, dont le nom
Fait tout trembler à la ronde.
Maintenant, vivez longtemps,
Je le souhaite en partant.

FINAL
Allongeant son ombre immense
Sur le monde et sur Paris,
Quel est ce spectre aux yeux gris
Qui surgit dans le silence ?
Fantômas, serait-ce toi
Qui te dresses sur les toits ?