Amour parental – Marc Levy

(dialogue entre un père et sa fille)

(dialogue entre un père et sa fille. La mère est décédée quelques années plus tôt de la maladie d’Alzheimer extrait de “toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites”)

le pere – On dit que l’amour dure sept ans. Allez, sois honnête et réponds-moi. Serais-tu capable sept ans durant de t’offrir a quelqu’un sans réserve, de tout donner sans retenue, sans appréhension ni doute, sachant que cette personne que tu aimes plus que tout au monde oubliera presque tout ce que vous aurez vécu ensemble ? Accepterais-tu que tes attentions, tes gestes d’amour, s’effacent de sa mémoire et que la nature qui a horreur du vide comble un jour cette amnésie par des reproches et des regrets. Sachant ceci inévitable, trouverais-tu quand même la force de te lever au milieu de la nuit quand l’être aime a soif, ou simplement fait un cauchemar ? Aurais-tu l’envie chaque matin de préparer son petit déjeuner, de veiller a occuper ses journées, a la divertir, a lui lire des histoires quand elle s’ennuie, lui chanter des chansons, a sortir parce qu’il lui faut prendre l’air, même quand le froid se fait glacial ; et puis, le soir venu, ignorerais-tu ta fatigue, viendrais-tu t’asseoir au pied de son lit pour rassurer ses peurs, lui parler d’un avenir qu’elle vivra forcement loin de toi ? Si la réponse a chacune des ces questions est oui, alors pardonne-moi de t’avoir méjugée, tu sais vraiment ce que c’est que d’aimer.

la fille – C’est de maman que tu parles ?

le pere – Non, ma chérie, c’est de toi. Cet amour que je viens de te décrire, c’est celui d’un père, ou d’une mère a l’égard de ses enfants. Combien de jours et de nuits passées a vous veiller, a guetter le moindre danger qui vous menacerait, a vous regarder, vous aider a grandir, a sécher vos larmes, a vous faire rie ; combien de parc en hiver et de plages en été, de kilomètres parcourus, de mots répétés, de temps qui vous est consacre. Et pourtant, pourtant… A quel age remontent tes premiers souvenirs d’enfance ? Imagines-tu a quel point il faut aimer pour apprendre a ne vivre que pour vous, sachant que vous oublierez tout de vos premières années, que celles a venir souffriront de ce que nous n’aurons pas bien fait, qu’un jour viendra, inéluctablement, ou vous nous quitterez, fiers de votre liberté.