Brouiller sa piste et fuir une ombre… Robert Desnos
La Ville
C’est le sort de celui qui, revant en chemin, Tout ce monde est sorti du creux de sa cervelle. Nausée de souvenirs, regrets des soleils veufs,
Saisi en plein soleil par l’angoisse et la peur,
Pressentir le danger, la mort et le malheur,
Brouiller sa piste et fuir une ombre inaperçue,
S’égare dans son rêve et se mêle aux fantômes,
Se glisse en leur manteau, prend leur place au royaume
Où la matière cède aux caresses des mains.
Il l’entoure, il le masque, il le trompe, il l’étreint,
Il lui faut s’arrêter, laisser passer le train
Des créatures nées dans un corps qui chancelle.
Résurgence de source, écho d’un chant de brume,
Vous n’êtes que scories et vous n’êtes qu’écume.
Je voudrais naître chaque jour sous un ciel neuf.